Le recyclage devient une préoccupation générale, alors qu’en est-il de ces objets issus du recyclage?
Quelle démarche adoptent ces jeunes designers intéressés par le recyclage?
Quels types d’objets créent-ils?
Il apparaît que les recherches de nouveaux processus de fabrication, deviennent l’objet même de la recherche, le design se loge dans la mise en spectacle du recyclage.
La mise en scène de la fabrication de l’objet assure en grande partie sa légitimité en tant qu’objet de design. D’un point de vu sémiologique, les designers jouent avec les signes du recyclage, avec ces codes.
Cela est très clair avec la démarche des trois designers anglais Alexander Groves, Azusa Murakami et Kieren Jones et leur projet Sea Chair réalisée en 2011. Le projet consiste à récolter les plastiques rejetés dans la mer, ainsi que sur les plages, afin de les recycler et fabriquer des chaises.
Alexander Groves, Azusa Murakami et Kieren Jones, recoltant des déchêts pour le projet Sea Chair, 2011
L’aboutissement du projet serait de convertir un ancien bateau de pêche en « usine à meubles ». Le chalutier, au lieu de pêcher des poissons, recueillerait tous les débris polluants les eaux marines pour les transformer en objets.
Maquette du bâteau pour le projet Sea Chair de Alexander Groves, Azusa Murakami et Kieren Jones, 2011
Ensuite ces recherches sur de nouveaux processus de fabrication sont liés à un désir de poésie de la fabrication, de la mise en œuvre. La mise en œuvre est un art, et le produit son résultat. Ici l’objet raconte le processus, il nous parle des matières, de leurs propriétés, d’où elles viennent, comment elles se transforment. L’objet nous raconte tout ce que la matière peut être: tous ces possibles.
Studio Wine (Kieren Jones) Sea Chair, projet Open Source.
C’est ce qui transparait du travail de Dirk Vander Kooij qui utilise un robot qui imprime des chaises faites à partir de réfrigérateurs recyclés. Ce projet a été l’un des trois récompensés lors des DMY Awards à Berlin en 2011. Ce qui est particulièrement intéressant c’est que le designer utilise son outil (le robot: l’imprimante 3D) pour ces capacités à produire un motif, et intègre dans le produit fini le souvenir de la fabrication : quand on observe ses objets : on voit comment ils sont faits. Ce sont des objets qui font signe en tant qu’objets recyclés.
Dirk Vander Kooij, fabrication par impression 3D de Endless Chair, fabriquée avec des réfrigérateurs recyclés, 2011
Il devient très clair qu’avec le recyclage, une génération de designers redécouvrent les polymères, et leurs capacités à pouvoir tout devenir, une chaise, une table, un bateau…
Ils contiennent, grâce à leurs propriétés plastiques tous les objets. C’est la magie des plastiques que les designers se réapproprient tout en contribuant à l’assainissement de la planète.
Nous voici sur une nouvelle génération d’objets, un nouveau cycle. Non seulement l’écologie transforme nos comportements mais elle est aussi à la source de projets poétiques, mettant l’objet dans un processus qui narre sa propre genèse.
Dirk Vander Kooij, Endless Chair, 2011
Et s’il y a encore des sceptiques pensant que le design n’est que l’esthétisation de notre environnement, ces projets démontrent qu’il est bien plus que cela.
Le design ne peut se cantonner au marketing, il est le vecteur par lequel nos modes de vie peuvent être bouleversés, pour un meilleur avenir.
2 Comments
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Super article, le monde du recyclage n’est pas facile car il y a souvent plus de travail avec de vieux matériaux qu’il faut nettoyer… qu’avec des matériaux neuf prêt à être utilisés.
Bonne continuation
Gerg
Gerg Articles récents…Les Roses avec Gil De Bassan
Oui c’est vrai, seulement les matériaux neufs, ont dut être créé préalablement, donc ça a un impact environnemental et un coût plus élevé. Ou cela revient au même au niveau du coût si l’on compte le temps passé au nettoyage comme un temps compté comme de l’argent.
Bref, le recyclage c’est l’avenir 😉